LA CHUTE (Boris Labbé)
Tombent les corps
Tombent
Tombent
Dans un bruit terrible,
Assourdissant
Strident parfois
Grinçant souvent
Effarant toujours
Effrayant
Bouleversant
Tombent les corps
Tombent
Tombent
Les êtres humains
Dans un monde sombre
Dans des enfers à la Jérôme Bosch
Dans un univers à la Goya, période sombre
Vertigineuse, la chute,
Vertigineuse comme celle d’un ascenseur fou lâché
Vertigineuse du 150ème étage
Dans une folie de fureur et de sang
Tombent les corps
Tombent
Tombent
Le spectateur est abasourdi
Otage visuel et sonore
Subjugué
Terrifié
Tétanisé
Epouvanté parfois
Estomaqué souvent
Ratatiné
Le vide dans le ventre
Le ventre dans l’estomac
L’estomac dans la gorge
Il attend la fin de cette descente folle
Repos
Souffle
Et voilà que recommence le son
Et que tout s’emballe à nouveau
Pas de répit !
Et recommence la sensation d’oppression
Pas de relâche !
Et recommence la chute
Vertigineuse
Inébranlable
Inévitable
Inéluctable
Imparable et mortifère
Fulgurante !
Tombent les corps
Tombent
Tombent
Explosion de formes
Explosion de couleurs
Explosion de mouvements
Explosion de sons
Dans un feu d’artifice visuel et sensoriel.
Pulvérisation finale !
Le cœur tout retourné
Du paradis expulsé
Une fois le sol retrouvé
Tout entier-e dans son fauteuil de cinéma…
Qu’il est formidable ce grand 8 !
Ima Llumpay